Depuis
le déclin d'Amalfi jusqu'à nos jours
Le
développement considérable d'Amalfi
était dû en grande partie à l'indépendance
dont elle jouissait ; mais la limitation de son territoire,
sa faiblesse militaire et la carence de l’appui
byzantin rendait cette indépendance fragile.
En 1039 Guaimario V, prince de Salerne, s'empara du
duché d'Amalfi et bien qu’il laisse le
pouvoir au duc Mansone II « l'aveugle »,
établit en réalité la domination
salernitaine sur la ville. Pressés par les
salernitains, les amalfitains gouvernés par
Sergio IV se tournèrent vers le normand Roberto
« il Guiscardo » en 1073. Salerne capitula
mais les amalfitains durent laisser leur ville occupée
par les Normand, en ayant à nouveau la paix
au prix de la liberté. Le "terror mundi" se
montra magnanime envers les amalfitains, en leur accordant
une certaine autonomie. Après la mort du prince
normand en 1085, Amalfi chercha plusieurs fois à
se défaire du joug normand.
La domination normande empêcha le commerce avec
l'Orient, à cause de la politique anti-byzantine
et de l'anti-islamisme adopté, limitant les
rapports économiques seulement aux ports du
Sud de l'Italie et en favorisant ainsi l'accroissement
d'autres activités, surtout dans le domaine
de l'agriculture et de l'artisanat.
En 1131 la conquête par les Normands du Duché
d'Amalfi sanctionna la fin de l'indépendance
avec la naissance du Royaume de Sicile.
Mais sa florissante économie et sa puissance
canotière, bien qu’affaiblies, ne s'éclipsèrent
pas pour autant; en réalité Amalfi fut
dépassée dans le commerce et dans les
activités de puissances maritimes émergentes
concurrentes, tel que Pise et Gênes.
En 1135 Amalfi subit un horrible pillage de la part
des "traîtres" Pisans qui furent appelés
en secours contre l'arrogance normande. La décadence
d'Amalfi est bel et bien entamée.
Cependant, la vraie crise économique d'Amalfi
dans la période médiévale est
à rechercher pendant la Guerre des Vêpres
siciliennes (1282), opposant Angevins et Aragonais
pour la domination de l'Italie méridionale,
suite à laquelle Amalfi et son territoire furent
bloqués de la mer, plusieurs fois envahis,
subirent la concurrence catalane.
Dans la première partie du XIVème siècle
quelques calamités naturelles plièrent
définitivement l'économie de la Côte
Amalfitaine déjà irrémédiablement
affaiblie par la Guerre des Vêpres
En 1343 un épouvantable raz-de-marée
déferle sur la côte ; une grande partie
des habitations furent détruites (dont probablement
le palais Ducal, cité dans un document comme
"palatium amalphitanum"), les fortifications sont
submergées, tout comme les chantiers navals,
les magasins et les équipements maritimes.
Cinq ans plus tard, la célèbre peste
de 1348, acheva l'œuvre de destruction parmi
les hommes eux-mêmes. Amalfi et toutes les villes
voisines de la côte qui étaient de splendides
localités peuplées et fortifiées,
riches de palais somptueux, ornés de fresques,
marbres, colonnes et fontaines, commençaient
à devenir de modestes villages, privés
de la richesse qui venait de la mer, ils revinrent
à l'économie traditionnelle de la pêche,
de l'artisanat local et de l'agriculture.
De 1392 à 1583, le duché d'Amalfi fut
assujetti et vit se succéder parmi les ducs
d'Amalfi les représentant de nobles familles
comme les Colona, les Orsini et finalement les Piccolomini.
Pendant ces années, se développèrent
à Amalfi, à Atrani et à Minori
de nombreuses fabriques de pâtes qui rendirent
célèbres dans tout l’Italie méridionale
les pâtes de la Côte.
Au cours des XVII et des XVIIIème siècles,
la ville et son territoire furent subordonnés
à un total renouvellement artistique et architectural,
particulièrement évident pour les monuments
religieux.
En juin 1807 Giuseppe Bonaparte visita le royaume
et, frappé par la beauté de la côte
amalfitaine, décida de construire une route
côtière qui facilitait l'accès
vers la capitale, Naples. Entamée en 1816,
poursuivie par Murat, la route fut inaugurée
par Ferdinando II seulement en 1854.
Au XIXème, Amalfi fut redécouverte comme
but de séjour pour de nombreux voyageurs étrangers
: paysages, monuments, scènes de vie quotidienne
deviendront source d'inspiration pour de nombreux
écrivains, peintres, architectes provenant
de toute l’Europe.
L'affirmation du phénomène touristique
redonna une croissance à une ville qui est
l'épicentre économique de toute la côte
à laquelle Amalfi légua son nom.
|